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Le jeu des mots

11 février 2008

Yé souis oune artiste

Je n'écris pas. Mais j'y pense.

J'y pense... mais je n'écris pas.

A vrai dire, je suis partagé. Partagé entre les diverses expressions de ma créativité. J'imagine souvent des scénarios, des dialogues, des situations... Mais comment les exprimer ? En le dessinant ? En l'écrivant ? En le mettant en scène ?

Si je voulais réaliser trois rêves, comme on pourrait réaliser trois vœux en frottant la lampe d'Aladdin, je créerai une série d'albums de bande dessinée, un roman et une comédie musicale.
J'ai aussi pensé à être acteur. Pousser la chansonnette, pourquoi pas ? Mais quand je me vois parfois, enfermé dans ma salle de bain, faire de grands gestes, crier à voix basse et engueuler mon miroir, ou me mettre au bord des larmes à cause de l'émotion de la scène que j'imagine, je pense souvent que j'aurais pu être acteur. Pour jouer à ressentir autre chose. Pour jouer à être quelqu'un d'autre.

Alors, je dessine, j'écris, il m'arrive de poser deux-trois notes sur mon synthétiseur poussiéreux.
Alors, j'imagine, je lis, il m'arrive de me dire que je pourrai un jour être l'un d'eux...

J'y pense... mais je ne sais pas.

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23 janvier 2008

Préambule

« — Tu devrais te mettre à l'écriture. »

Je la regardai. La fixai des yeux. Elle soutint mon regard, puis reporta le sien sur l'écran de l'ordinateur. Elle cliqua deux ou trois fois, attentive aux fenêtres qui défilaient devant elle. Elle consultait ses mails. Elle cherchait les miens.
Enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait. Elle me montra un de mes textes. Mots d'amour et d'émotions, qui s'entremêlaient au gré de mon humeur.
Quand il m'arrive de relire mes textes, je les trouve tantôt bien, tantôt misérables. Ce jour-là, j'y étais indifférent. Je regardai mon amie et réfléchissait à son idée. Réflexions pleines de scepticisme et tournant au ralenti.

Mais elle paraissait sérieuse et convaincue que son idée était bonne.

« — Regarde celui-là. Il est beau. Je l'aime bien. J'aime bien quand tu écris ce genre de mail. Tu es un magicien des mots.
— Vraiment ?
— Je sais pas comment dire... Mais tu sais bien écrire. Tu devrais continuer. Ecrire régulièrement. Je t'assure, tu devrais ouvrir un blog. »

Ouvrir un blog.
La sentence était tombée. Comme si cela allait m'ouvrir les portes des plus grandes maisons d'édition, je devais impérativement créer ma page perso, surfer sur la Toile, montrer que j'existais, moi aussi, parmi les millions d'autres présences virtuelles et pixellisées.

« — Je suis vraiment pas certain que ça m'apporte quelque chose.
— Au moins ça t'entraînera un peu ! Qu'as-tu à y perdre ? Rien. Au contraire, tu as tout à y gagner !
— Bah, un blog, c'est juste une–
— Mais arrête de te borner comme ça ! »

Les sourcils froncés, les yeux jetant des éclairs, mon amie exprimait toute sa conviction sur son visage. Inutile qu'elle ouvre la bouche pour pouvoir entendre "Ouvrir un blog est une bonne idée. Avec un peu de chance ça t'ouvrira d'autres portes. Aucun doute là-dessus !". Je l'entendais, moi, et je comprenais son engouement pour cette opportunité pour moi de faire de mes écrits quelque chose d'un peu plus qu'un simple passe-temps. Mais je trouvais qu'elle s'emportait un peu trop, bien qu'elle pensât certainement que je n'étais au contraire pas assez emporté par son idée.
D'un haussement de sourcil, je lui fis comprendre mon incompréhension face à son ardeur soudaine.

Les éclairs dans ses yeux disparurent. Son corps tout entier sembla se relâcher.

« — Excuse-moi. Je me suis emportée. Après tout, je ne veux pas te forcer la main, fais comme tu veux.
— J'y réfléchirais, mais là, comme ça, ça ne me dit rien.
— OK, OK, comme tu veux. A toi de voir. »

Elle regarda quelques secondes le mail que je lui avais envoyé le jour de notre anniversaire de rencontre, puis ferma la fenêtre, la bouche boudeuse, et finalement se leva de sa chaise et partit.

Je restais quelques temps immobile, interdit, repassant notre discussion en boucle.

Tu es un magicien des mots.

Voyons quel genre de lapin pourrait sortir de mon chapeau, alors.

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